Dinard 2013 : Everyone’s going to die, Spike Island et About Time

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Du 2 au 6 Octobre se tenait la 24ème édition du festival du film britannique de Dinard. La quasi-totalité de la fine équipe du blog y a passé une journée. Malheureusement pour vous (et surtout pour nous, en fait), on n’a pas eu l’occasion de serrer la pince à Eric Cantona, qui présidait le jury cette année.

On a quand même vu trois films (dont deux en compétition) – petite review :

Everyone’s going to die

[OK] Everyone's going to die

Une bande-annonce douce-amère (portée par la chanson Two Cousins de Slow Club), un titre qu’on attendrait plus pour un slasher et surtout Nora Tschirner (Anna dans Keinohrhasen) m’avaient donné envie de voir ce film. L’histoire est des plus simples : Melanie, jeune allemande installée à Folkestone pour y avoir suivi son fiancé rencontre Ray, un gangster mystérieux aux cheveux gras. Ils errent ensemble dans la ville et se racontent l’un à l’autre.

Il est plaisant de suivre ces deux personnages de paumés, tout d’abord énigmatiques mais dont on découvre bien vite qu’ils ne sont pas à l’aise dans leurs vies et qui composeront un couple étrange que l’on suivra tout le film. Outre la musique vraiment géniale (malheureusement, j’ai passé sans succès des heures à en chercher les références), l’esthétique très soignée qui profite des paysages locaux et l’excellent jeu des acteurs, ce qui fait la réussite du film est le mélange entre l’aspect introspectif et un humour assez surréaliste (mention spéciale pour une scène avec le chat, mais je ne vais pas ne dire plus pour ne pas vous gâcher la surprise) qui arrive par petites touches. Malheureusement, la fin du film se veut un peu trop au grave, et alors que les personnages discutent sérieusement, le manque soudain de fantaisie se fait sentir, rendant le temps un peu longuet.

A noter : les deux acteurs principaux ont reçu une mention spéciale du Jury du festival.

Everyone’s going to die (Grande-Bretagne, 2013), de Jones (collectif). Avec Nora Tschirner, Rob Knighton…

Spike Island

[OK] Spike Island

Spike Island raconte l’histoire d’une bande d’amis de Manchester, qui forment le groupe Shadow Caster, voulant se rendre au concert des Stone Roses du 27 Mai 1990.

J’aime beaucoup les films qui touchent au sujet de la musique et à chaque édition du festival j’en profite pour en tâter : l’an dernier avec Good Vibrations (sur un disquaire/producteur de punk à Belfast dans la fin des années 1970) et en 2010 Sex & Drugs & Rock & Roll (biopic sur Ian Dury). Il me semble d’ailleurs naturel de voir ce rapport entre cinéma britannique et musique tant elle semble importante dans leur culture populaire.

En l’occurrence, le film nous montre bien l’importance de la figure des Stone Roses pour les jeunes mancuniens de l’époque et la fierté que le groupe vienne de leur ville, de la même façon que l’on soutient son équipe de football. Malheureusement, malgré la présence d’Emilia Clarke (plus choupi que dans Games of Throne avec ses bouclettes brunes) et une volonté apparente de faire passer par ce film une énergie et une passion, j’ai été finalement très déçue. Les histoires de famille du héros, ou même son histoire d’amour, semblent greffées de manière lourde et maladroite pour donner de la profondeur au film alors qu’à mon sens les simples péripéties de la bande d’amis pour atteindre le concert, et la rivalité des Shadow Caster avec un autre groupe local auraient suffit à nous entraîner dans l’histoire. Je crois même avoir fortement soupiré devant quelques éléments emmenés avec des gros sabots.

Au final, même si son énergie donne envie d’aimer ce film, il est à mon sens trop bricolé avec de grossières ficelles de scénario pour que je le conseille.

A noter : le film a reçu le Prix du scénario. Autant dire que je ne suis pas franchement convaincue.

Spike Island (Grande-Bretagne, 2013), de Mat Whitecross. Avec Elliott Tittensor, Nico Mirallegro, Jordan Murphy, Adam Long, Oliver Heald, Emilia Clarke…

About Time

[OK] About Time

Quand un jeune homme apprend par son père qu’il peut voyager dans le temps, il décide de profiter de son don pour améliorer sa vie amoureuse.

Ce film, c’est de l’artillerie lourde : réalisé par Richard Curtis (le scénariste de Quatre Mariages et un Enterrement, Coup de foudre à Notting Hill et Love Actually, autant dire qu’il ne s’agit pas d’un débutant) et il bénéficie d’un Bill Nighy comme toujours parfait.

Et la limite du film serait justement dans cet aspect « bien propre » : la famille excentrique est mignonne mais sa fantaisie semble trop sage et les personnages secondaires sont unidimensionnels et simplement esquissés pour remplir une fonction (Kit Kat pourrait être la soeur de Hugh Grant dans Coup de Foudre à Notting Hill, Mary a des faux airs de Manic Pixie Dream Girl avec ses robes vintages, Uncle D est toujours à côté de la plaque, et nous avons en prime droit à un dramaturge bougon. So cliché.)

Nous nous trouvons ici face à un hymne à la vie de famille et au carpe diem (même s’il faut attendre la fin du film pour que la morale puisse nous être accessibles, à nous pauvres mortels qui ne pouvons voyager dans le temps). Mais je tiens à signaler une chose : le héros ment impunément à son amoureuse, lui faisant croire qu’il aime Kate Moss. Et je trouve ça très mal, de baser une relation sur un mensonge.

Pour conclure, la bande-annonce me laissait attendre une comédie romantique alors que l’histoire d’amour du héros n’est finalement pas le point central du film, ce qui n’est pas plus mal. Nous nous trouvons ici face à un parfait « feel good movie » auquel il manquerait peut-être quelques aspérités ou un peu plus de folie pour qu’il devienne un film à revoir régulièrement. Mais il reste à défaut un agréable divertissement dont on ressort le sourire aux lèvres.

A noter : vous pourrez vous amuser à reconnaître Bill Weasley de Harry Potter (Domhnall Gleeson), Adelaide Brooke de Water Of Mars (point Doctor Who), et surtout, choc intense, Rachel MacAdams n’est autre que Regina George dans Mean Girls.

About Time (Grande-Bretagne, 2013), de Richard Curtis. Avec Bill Nighy, Domhnall Gleeson, Rachel MacAdams…

4 réflexions sur “Dinard 2013 : Everyone’s going to die, Spike Island et About Time

  1. A quand l’article sur l’édition 2014 ?!
    Ceci dit celui est très bien écrit mais n’ayant vu qu’About Time parmi les films de cette (courte) liste il est difficile de se faire un avis 😉

    En tout cas le festival en lui même en vaut clairement le coup. Et la moyenne d’âge sur place étant plus élevée qu’à d’autres festivals de cinéma je trouve ça chouette d’en parler sur ce type de blog 🙂

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    1. Je suis sur le coup pour l’article sur l’édition 2014 : ça arrive cette semaine 🙂

      La liste est courte, mais c’est parce que je ne suis malheureusement pas encore invitée VIP sur le festival. 😦 Cependant, je persévère…

      Et ton avis, sur About Time ? J’ai l’impression d’être plus mitigée que ce que j’ai globalement entendu par la suite. (Tout comme j’ai beaucoup aimé Everyone’s going to die mais les autres rédacteurs du blog étaient moins emballés)

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      1. Je pense que ce n’est pas le meilleur Curtis mais qu’il est pas mal quand même. Un bon feel good movie comme on les aime (bien qu’un poil trop manichéen je trouve) : je n’achèterais pas le dvd pour ma dvdthèque mais je ne regrette pas d’avoir payer ma place de ciné

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      2. Ce qui m’a gênée dans le film, c’est que le héros est en position de « nice guy » et utilise son pouvoir pour parvenir à ses fins. Et au final, le fait qu’il vive une belle histoire avec sa femme justifierait les mensonges sur lesquels leur relation a démarré (ce que je trouve moralement très discutable).

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